Maladie d’amour, Nathalie Rheims (06/06/2022)

Maladie d’amour, Nathalie Rheims

Ecrit par Patryck Froissart 13.03.14 dans La Une LivresLes LivresCritiquesRomanLéo Scheer

Maladie d’amour, janvier 2014, 297 pages, 19 €

Ecrivain(s): Nathalie Rheims Edition: Léo Scheer

Maladie d’amour, Nathalie Rheims

 

Alice et Camille, trentenaires, amies depuis le collège, suivent des chemins différents, ont chacune leur existence propre, mais, restées intimement liées, ne peuvent vivre sans se retrouver régulièrement pour échanger les détails matériels et sentimentaux qui font leur quotidien.

Le parcours d’Alice est celui, dynamique mais aléatoire, souvent précaire, ponctué de déceptions pour celle qui est persuadée que son talent n’est pas reconnu, d’une intermittente du spectacle obligée, pour arrondir ses fins de mois, d’accepter des emplois accessoires. Alice raconte à son amie ses aventures amoureuses, mais refuse systématiquement de lui présenter physiquement ses partenaires successifs.

La vie de Camille est celle, statique, confortable et linéaire, à la limite de l’ennui, d’une mère de famille bourgeoise, épouse d’un notaire aux revenus copieux et constants.

Telle est la situation au moment où le récit commence.

A partir de ce canevas très simple, la romancière met en œuvre une machinerie insidieuse, dont les deux rouages principaux se révèlent progressivement au lecteur :

– elle rapproche peu à peu les lignes de vie de Camille et d’Alice, parallèles jusqu’au temps initial du récit, jusqu’à ce qu’elles se touchent, se superposent, puis se croisent et s’enchevêtrent : Alice met tout en œuvre pour devenir une épouse, Camille est tentée par l’aventure extraconjugale.

– elle transforme progressivement chacune en un nouveau personnage. La lente transmutation s’effectue de manière timide, honteuse, lourde de culpabilité en ce qui concerne Camille, et de façon brutale, passionnée, destructrice de la part d’Alice.

« Camille était obsédée par cette notion de mariage, de tromperie… »

Le docteur Costes, célèbre chirurgien esthétique, beau, riche et brillant, dont Alice apprend à Camille qu’il est son nouvel amant, et qu’il est disposé à bientôt divorcer pour l’épouser, est le pivot, l’épicentre du drame que se jouent alors les deux amies.

A la faveur de ce scénario, s’opère un long et double dédoublement de personnalité, qui permet à l’auteure d’explorer les marges dangereuses du comportement, en cet espace où l’imaginaire et le réel se mêlent, où le jeu du « Je suis l’autre » peut précipiter l’acteur, le joueur, dans la folie.

Une fois fracassé le cadre dans lequel Alice s’efforce d’afficher le portrait qu’elle veut donner d’elle au monde, quel désastre apparaîtra derrière le miroir brisé ?

Le lecteur, pris dans la trame, ne se doute lui-même longtemps de rien…

La surprise est totale.

 

Patryck Froissart

 

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