Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, Abû Kabîr Al-Hudhalî (06/06/2022)

Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, Abû Kabîr Al-Hudhalî

Ecrit par Patryck Froissart 07.03.14 dans La Une LivresSindbad, Actes SudLes LivresCritiquesPoésiePays arabes

Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, édition bilingue arabe et française, traduction, présentation et annotations Pierre Larcher, janvier 2014, 76 pages, 15 €

Ecrivain(s): Abû Kabîr al-Hudhali Edition: Sindbad, Actes Sud

Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, Abû Kabîr Al-Hudhalî

 

 

Ce court dîwân est composé, comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage, de quatre poèmes, de longueur variable, comprise entre 15 à 48 vers, tous centrés sur le thème de la vieillesse et de la mort.

Le poète arabe, sentant sa fin prochaine, adresse à sa fille chérie, Zuhayra, une longue complainte en laquelle il regrette ce qui a été et qui ne sera plus, ce qu’il a vécu et ne revivra pas, l’homme qu’il a été et qu’il ne peut plus être.

Dans la trame de cette nostalgique évocation se dessine le tableau de la vie des Bédouins d’avant l’Islam, et apparaissent des éléments essentiels de leur culture, de leurs mœurs, de leurs valeurs :

– La guerre, la vaillance, la force du guerrier, valeurs primordiales :

« Zuhayra ! Si ma nuque a blanchi, pourtant

Que d’escadrons vaillants j’ai l’un à l’autre unis ! »

– L’amour, qui, pour l’homme, se décline au pluriel :

« Guéri je suis des belles […] ! Finie,

Ma vie : j’ai renié, ce matin même, mes folies ! »

– Les plaisirs festifs :

« Ou n’est-il point de voie vers la jeunesse, plus chère

A ma mémoire que le vin pur et gouleyant ? »

Le poème exprime intensément tout au cours des distiques la souffrance du vieil homme constatant son impuissance à freiner la fuite du temps. Le ton, tragique, est donné dès la première adresse à Zuhayra :

« Zuhayra ! De la vieillesse peut-on dévier

Ou n’est-il point de voie vers la prime jeunesse ? »

Et redonné à chacune des entrées des trois poèmes suivants, ce qui confère à l’ensemble un poignant caractère incantatoire :

« Zuhayra ! A la vieillesse échappe-t-on ?

Ou n’est-il point de voie vers jeunesse qui fuit ? »

Cette édition érudite, présentée et annotée par Pierre Larcher, offre au lecteur, en sus du plaisir que procure à tout amateur de poésie la lecture d’un texte de grande et pure beauté, une mine d’informations sur les caractéristiques de la poésie arabe, bédouine, d’avant l’Islam et sur le raffinement spirituel de ces cultures nomades antiques.

 

Patryck Froissart

 

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