Contredanses macabres: synopscènes (06/06/2025)
Contredanses macabres
Prolégomènes
''L'homme est naturellement bon.'' Merci, Rousseau! Voilà un postulat qui m'a fait, lorsque je l'ai lu, une sacrée belle jambe!
Admettons.
Si Dieu existe, si l'homme est sa créature, si cet homme est naturellement bon, on en déduirait tout aussi naturellement que c'est Dieu qui l'a fait bon.
Or l'homme n'est pas bon, on le constate à longueur de temps.
''C'est la société qui le pervertit.'' Merci, Rousseau! Voilà un autre postulat qui m'a fait, lorsque je l'ai lu, une seconde sacrée belle jambe.
Fort de mes deux belles jambes rousseauistes, je me suis mis debout et j'ai voulu regarder Dieu en face, pour en savoir davantage, comme ont tenté de le faire en leur temps les personnages psychédéliques de Michel Lancelot.[1]
Je ne l'ai pas plus vu que Guy Béart ne l'a vu à Amsterdam.[2]
Alors je me le suis créé.
Je l'ai fait poétiquement, en usant, en abusant, certains diront en mésusant du Verbe, ce Verbe qui se serait fait Dieu (ou inversement) juste avant de créer le monde et de faire en sorte que la lumière fût.
Un Dieu-Verbe ne peut pas ne pas apprécier la poésie. Je lui dédie la mienne.
Ma poésie...
Pour me donner un genre.
Quelle poésie?
Classique?
A forme fixe?
Libérée?
Avec ou sans rimes?
Prose poétique?
Poésie prosaïque?
Je n'ai que faire de ces taxinomies. Je « fais » comme « ça » vient, en donnant du sens au son, et du son au sens.
Le verbe grec poïen qui est la racine étymologique de notre poésie, on le sait, se traduit en français par « faire ».
Or Aragon précise, avec raison, car le poète a toujours raison, que faire signifie chier.
Je verbifie. Je poétifie. Je « fais », à la va-comme-je-pousse. Je tartis mes pages.
Je « fais » le monde, tel que je le vois, tel que je le sens, pouah, tel que nous sommes tous en train de nous le pourrir, de nous le massacrer…
C'est, pour moi, une démarche de déconstipation mentale.
[1] Michel Lancelot – Je veux regarder Dieu en face – Ed. J'ai Lu (1972)
[2] Guy Béart – A Amsterdam - 1976
12:10 Écrit par Patryck Froissart | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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