19/03/2015

Cafougnette pa l’ ferniette

Cafougnette pa l’ ferniette

Jules mousseron

À mes trois gendres Jules, Robert et Félix

Batiss’ Boudenne, un gros bonasse,
Etot parti faire el ducasse
Dins in villach’, point lon d’ichi,
In s’ promettant bin du plaisi.

Il avot ses loqu’s des diminches, –
Capote à pans, souliers qui crinchent,
Montre au gousset, capiau findu :
Vraimint, l’ Tisse i n’ sé sintot pus.

À l’ ducasse, i fait l’ tour del plache.
I va visiter l’homm’ sauvache,
S’ fait dir’ l’av’nir, tourne à qu’vaux d’ bos,
À bilanchoir’ monte el pus haut.

I r’vett’ la guerr’ dins les leunettes ;
I cass’ des pip’s à l’arbalète.
Avec un vieux fusil d’ dins l’ temps,
I tu’ l’ candelle à bout-portant.

I ming’ des frit’s, feum’ des cigares,
S’ fait bousculer dins les bagarres.
I bot des pint’s, s’amusse infin
Comme à l’ ducass’ toute honnêt’ gint.

L’ Tisse est si contint qu’i jubile.
I fait mêm’ la cour à eun’ fill, –
Eun’ tiot’ rouss’lé’, qui n’est pas mal.
Ils s’in vont faire un tour au bal.

Et là ils n’ perd’nt té point eun’ danse.
Batiss’ Boudenne a tout’s les chances :
S’ jonn’ fille all’ danse in n’ peut pas mieux.
Bref, il est tout à fait heureux.

Pour li, ch’est s’ pus biau jour ed’ fiête !
Aussi il adresse eun’ risette
À s’ joli’ danseuss’, chaque instant,
Et s’ pochenn’ sur elle in dansant.

Oui, mais ses galantés manières,
S’ n’air faquin, n’ont pas l’air ed’ plaire
À quelques jonn’s hommes d’ l’indrot
Qui s’ conduit’nt comm’ des maladrots :

Ces jaloux, cha les importune
Qu’un homme, étranger à l’ commune,
Courtise eun’ jonn’ fill’ du pays,
Et, à leu barb’, s’amusse ainsi :

Quatr’ grands paysans s’ form’nt in groupe,
Avec des mains comm’ des escoupes,
Et, dins l’ quadrill’, vont bousculer
Batiss’ Boudenn’, pour l’inchercler.

Boudenn’, qui est aussi fort solite,
Pou s’ dégager i s’ précipite.
Mais i n’ peut point in v’nir à bout ;
I s’ sint serré comme un écrou.

Autant qu’i peut, i tape, i lutte ;
Mais l’ z’aut’s batailleurs, in biêt’s brutes,
À quatr’ contre un, cougn’ tell’mint dur
Qué l’ Tiss’ bourrielle au pied d’un mur.

Il a bintôt l’ nez in compote.
In li déquire es’ bell’ capote,
Puis les dial’s, après c’ vilain tour,
I-impogne’nt el Tisse et l’ fich’nt à l’ cour.

Not’ pauv’ jonne homm’, fourbu, à l’ loque,
D’ rage et débous’mint i suffoque.
Après s’être arposé un peu,
Il arprind l’ grand’ rout’, li tout seu.

Il avanche à pein’ cinquant’ mètes
V’là bin qu’i rinscontr’ Cafougnette !
L’ bon comarat’, toudis gaillard,
Faisot l’ ducasse in père peinard :

« Tiens, qu’i dit Zeph, eh ? queu nouvelle ?
Ah bin ! in va boire eun’ boutelle.
Y a del bonn’ bièr’ là-vo, au coin.
Bé ! qu’est-ce qué t’as, té n’ réponds point ?

In dirot qu’ t’as perdu t’ quinzaine !
Amoute un peu, Batiss’ Boudenne.
Bé t’es plein de cops, té t’as battu ?
Ti, si bon fieu ! Qu’est-c’ qu’il y a eu ? »

Boudenn’ raconte es n’ avinture.
I moutre s’ nez plein d’ boursouflures,
Ses yeux pochés, gonflés, tout noirs.
I-explique el tour qu’i vient d’avoir :

« Ouais, ch’est ainsi ? t’ t’as laissé faire,
Qu’i li dit Zeph, bin queu misère !
Viens m’ les moutrer, ces pal’ferniers !
T’ verras si j’ vas l’ z’arringer !

— Non, n’y vas point, répond Batisse,
Ils vont t’arracher t’ qu’à t’ quemisse.
À quatr’ contre un, té n’y pins’s point ?
Ils vont t’ massacrer à cops d’ poing.

— Acoute, l’ Tiss’, qu’est-ç’ qué t’ racontes ?
Ch’est mi qué j’sus l’ pus fort du monte.
Viens m’ les moutrer, les sal’s mordreux,
Ils vont s’in raller sans un ch’veux !

À l’ port’ du bal, nos gins arbinent.
Boudenne i trann’, comme in l’advine,
In moutrant les mauvais sujets
In train d’ boir’ des verr’s au buffet.

« Mi, dit Boudenn’, jé n’ peux pus m’ battre.
Attintion, Zeph, ils sont à quatre !
— Ah bon, j’ les tiens, les sal’s bafious.
Et n’euch’ point d’ crainte : ej réponds d’ tout.

« J’ n’ai pas eun’ seul’ minute à perte :
Té vos, par el ferniêtte ouverte
J’ vas j’ter les quatr’ grands scélérats…
Va d’ l’autr’ côté, té les compt’ras. »

Boudenn’ fait chu qu’in vient d’ li dire.
Si cha va bin, comme i va rire !
I s’ plach’ din l’ cour, ed l’autr’ côté,
D’us qué s’ ferniêtt’ lanç’ eun’ clarté.

Bintôt, in intind grand tapache.
Dins l’ bal, in fait un tel carnache
Qu’ les cris, les jur’mints claqu’nt dins l’air :
In dirot les diap’s ed l’infer.

Sûr’mint, ch’est l’ combat qui comminche.
Cafougnett’ n’a pas eu d’ patienche.
Tout d’ suite il a tapé dins l’ tas :
I dot là s’ faire un rud’ fracas !

Tout d’un cop, in plein’ batalle,
Un homm’, lancé si fêl’ qu’eun’ balle,
Traverse el ferniêtt’ d’un seul cop :
Brouf ! i va s’ rétindr’ dins l’ rucheau.

« In vl’à toudis un » dit Boudenne…
Mais il ach’vot s’ parole à peine
Qué l’autr’ s’arlévot, tout meurtri,
In s’écriant : « N’ compt’ pus, ch’est mi ! »

Ch’étot l’ vantard ed Cafougnette
Qu’in v’not d’ fair’ dinguer pa l’ ferniêtte !
El pauv’ Boudenne et s’ compagnon
Sont r’partis comm’ deux cueilleux d’ pons.

Extrait du site Cafougnette en ligne

15:28 Écrit par Patryck Froissart dans Chti | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | | |  Imprimer | Pin it! |

14/03/2015

Cafougnette, cor toudis...

Cafougnette suit le convoi d’un enterrement. Un de ses amis vient le rejoindre et dit : 
- Alors Cafougnette ! J’ai chu que t’femme, cha n’allot pas tros fort ! Commint qu’all’va ? Et Cafougnette, montrant le corbillard : 
- Comme té vos... Tout duch’mint !

Cafougnette est en train de sculpter une statue de Sainte-Barbe. Un de ses camarades s’approche et le regarde faire. 
- Ch’est du boulot, hein ? 
- Mais nan, innochint, ch’est du quêne !

Cafougnette se rend au commissariat et déclare : 
- Monsieur l’commissaire, em’femme all’ a disparu ! 
- Depuis combien de temps ? 
- Cha va bétôt faire un an ! 
- Et c’est seulement maintenant que vous venez signaler sa disparition ? 
- Bin, j’osos pas l’croire !

Madame Cafougnette va chez le médecin toutes les semaines. 
- Docteur, j’cros qu’min coeur i bat trop vite ! 
- Docteur, j’cros qu’mes boïaux i sont loïés ! 
- Docteur, j’cros que j’vas pas passer l’hiver ! À chaque fois, le médecin la rassure. Puis il ne la voit plus pendant six mois. Un jour, elle réapparaît dans son cabinet. 
- Ah ! Ch’a fait longtimps que je ne vous avais pas vue ! 
- J’n’ai pas pu v’nir ! J’étos malate !

À l’école, l’instituteur demande au petit Cafougnette d’aller au tableau pour corriger un problème : 
- Ton père achète 10 litres de vin à 1,50 le litre. Combien ça lui fait ? 
- Oh, avec min père, cha li fait 2 jours !

 

In savo bin ,qu’in éto intelligin...

Un Marseillais, un Parisien et un Chti découvrent un génie. Le génie leur dit : "jetez n’importe quoi dans l’océan si je le retrouve vous mourrez. Si je ne le retrouve pas vous deviendrez l’homme le plus heureux du monde."

Le Marseillais jette un cure-dent au large du Frioul, le génie le retrouve, le marseillais meurt.

Le parisien jette un clou à la Pointe du Raz, le génie le retrouve, il meurt aussi.

Le Chti (les plus intelligents du monde) jette quelque chose au large de Boulogne sur mer. Le génie cherche, cherche, cherche, recherche et recherche encore. A bout de force, le génie lui demande : "qu’as-tu jeté ?" Le Chti lui répond : "Hé Biloute, te peux toudis cacher , ch’éto un Efferalgan !!!"

13:11 Écrit par Patryck Froissart dans Chti | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | | |  Imprimer | Pin it! |

Les oeuvres de Patryck Froissart

OEUVRES PUBLIEES DE PATRYCK FROISSART

 

LA DIVINE MASCARADE

La poésie est aussi propre à exprimer toute la beauté de la nature que toutes les laideurs dont l'homme la gangrène jusqu'à la menacer de destruction totale. De même, le poème peut être tout autant l'hymne à la grandeur de l'humanité que le pamphlet mettant à nu ses tares et ses hideurs.

L'amour, la haine, la paix, la guerre...

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Dans la noblesse et dans la bassesse, dans ses conduites généreuses et magnifiques et dans ses actes d'égoïsme et de cruauté, dans les atrocités qu'il commet depuis toujours au nom des dieux qu'il vénère, l'homme est-il ou non agi par quelque volonté divine invisible qui posséderait et actionnerait toutes les ficelles?

Cette question inquiète, l'homme se la pose depuis qu'il a une âme, depuis qu'il est, justement, animé on ne sait par qui, ni par quoi, ni pourquoi.

Patryck Froissart, poète, romancier, nouvelliste, brosse dans ce sombre recueil, sans concession ni réserve, un tableau désespéré de l'état de nos sociétés, et en fait porter la responsabilité à Celui ou à Cela qui habite l'homme.

Lecture déconseillée aux dépressifs...

Disponible en librairie ou sur commande en ligne directement chez l'éditeur:

http://www.ipaginastore.com/fr/home/44-la-divine-mascarad...

 

 

ISBN: 9782367910352 

 

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 LES BIENHEUREUX

Après avoir été finaliste dans la catégorie "Littérature" pour le livre numérique de l'année 2013...

Après avoir remporté le prix spécial Fondcombe 2014...

"Les Bienheureux" de Patryck Froissart

obtient en novembre 2014 une excellente critique dans le magazine littéraire BSCNews de novembre 2014.

couverture 40 pour cent.jpgSynopsis :

A quel point le bonheur d’aimer ou d’être aimé peut-il se conjuguer avec l’acceptation de se soumettre aux exigences de l’autre, voire naître et croître à mesure que ces contraintes se changent en un asservissement s’accompagnant d’humiliations, de brimades, et, à l’extrême, de sévices susceptibles de provoquer la mort?

C’est la question que posent les huit nouvelles de cet angoissant recueil de Patryck Froissart.

La thématique du plaisir-souffrir est ici sous-tendue par le mythe de la femme fatale, de la sirène, de la Lorelei qui joue de la fascination qu’elle exerce pour précipiter les bateliers contre les rochers où se fracassera leur esquif.

Disponible en librairie ou sur commande en ligne directement chez l'éditeur:

http://www.ipaginastore.com/fr/home/16-les-bienheureux-version-papier-9782367910130.html

 

 

ISBN: 9782367910130

 

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12:52 Écrit par Patryck Froissart dans Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | | |  Imprimer | Pin it! |