29/05/2022
Les bienheureux, de Patryck Froissart Préface de Marc Durin-Valois
Patryck Froissart
PREFACE de MARC DURIN-VALOIS
Ecrire des nouvelles est un art compliqué. L’histoire de ce genre littéraire est néanmoins ponctuée de splendeurs. Mais à vouloir faire court, on longe un précipice, celui de la caricature. Une des explications de la bouderie actuelle du public pour le genre tient au fait que certains écrivains ont pensé que produire une série de dix nouvelles sur quinze pages était plus aisé que de développer un roman sur cent cinquante. Un peu comme si le cent mètres exigeait moins d’efforts que la course de fond au motif que la distance était plus courte. D’où des tentatives qui ont lassé des lecteurs souvent bien disposés mais égarés dans des machins littéraires peu convaincants. Car la nouvelle a ceci de particulier qu’elle est l’art de l’inachevé. Chacune de ses séquences, je dirai même chacune de ses phrases, doit ouvrir sur un espace littéraire qui n’existe pas, qui n’est jamais écrit mais qui se dessine en filigrane dans l’esprit du liseur. L’exercice est d’autant plus subtil que ce champ –en quelque sorte l’ombre portée du texte- ne s’approche pas à travers un vocabulaire flou, indécis. Ce serait trop facile. C’est la précision du propos, la finesse de la trame qui libère cet espace. La nouvelle est donc le départ de quelque chose, jamais un aboutissement. Sa dernière phrase ne referme pas un texte, elle l’ouvre en indiquant une orientation pour errer dans un imaginaire qu’elle fait émerger à travers le fil invisible qui traverse le recueil. Car c’est là l’autre difficulté de la chose : une nouvelle ne se suffit pas à elle-même. Elle tisse des liens secrets, suscite des résonances puissantes avec les autres récits du même opus. En ce sens, non seulement elle ne duplique pas la construction littéraire sur des formats courts mais elle l’inverse et la refaçonne. Dans « Les bienheureux », Patryck Froissart nous en livre une démonstration foisonnante. Les femmes y dévorent les hommes avec un sourire doux, amusé et sensuel. Toutes dialoguent entre elles, d’une histoire à l’autre, dans un dialogue qui n’est jamais écrit, ou même évoqué. Au gré des lecteurs, l’une ou l’autre image de ces diaboliques s’imposera plus fortement. Mais celles des deux filles malicieuses du garagiste envoyant les automobilistes ad patres, de la sublime domestique Indranee posant son pied sur le dos d’un cadre français fasciné, ou encore celle, lancinante de Stéphanie, vampirisant le talent d’un écrivain en lui offrant en échange ses seins à lécher, n’ont pas fini de nous hanter.
Marc Durin-Valois
Marc Durin-Valois figure parmi les romanciers inscrits dans une littérature française ouverte sur le monde et notamment les États-Unis et l'Afrique où l’auteur a passé sa jeunesse.
Il est notamment l'auteur de "l'Empire des solitudes" (JC Lattes), Prix de la Rochefoucauld, de "Chamelle" (JC Lattes), Prix National des Bibliothèques et Prix de la Francophonie, porté au cinéma par la réalisatrice Marion Hansel, et de "La dernière nuit de Claude Eatherly" (Ed Plon), paru lors de la dernière rentrée littéraire.
08:45 Écrit par Patryck Froissart dans Critiques de mes livres | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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02/10/2021
La More dans l'âme (extrait)
Là, ils se desséchèrent de plus belle le gosier en inspirant incessamment des nuées de fumée bleue, et ils se l’irriguèrent en s’envoyant de nouvelles gorgées de bière fraîche, et, plus tard, dans la brume du lieu d’ambiance, ils reconnurent la fille.
Esperanza, là, lalala, lalalala, chantonnait, yeux mi-clos, et dansait seule, autant ivre en printemps qu’ils l’avaient connue saoule en hiver.
Ils la halèrent au bar, la hissèrent sur un tabouret et l’y épaulèrent afin qu’elle y tînt, la surhébétèrent de bière à la pression, puis, l’étayant de leurs bras entre eux deux, chacun animé des mêmes malhonnêtes intentions, ils la tractèrent tout au long du corridor ténébreux et la remorquèrent au travers du trottoir où, éteints qu’étaient à cette heure-là les rais des réverbères, régnaient des ténèbres propices.
— On va où, chéri ? radotait-elle.
— On y va, lghzala, on y va, querida mia, vamos, tu verras ! baragouinait Jean doucement.
L’air frais fouetta leurs desseins et la ranima un petit peu.
Ils l’affalèrent sur la banquette arrière.
Jean s’assit auprès d’elle et lui entoura le col, qu’elle avait long, d’un bras propriétaire.
— On est où, chéri ? bavassait-elle en une rengaine résignée, alors que la voiture quittait à toute vitesse les remparts millénaires et s’enfonçait dans la lueur pâle et fantasmagorique semblant émaner des immenses plaines à blé qu’il fallait traverser avant d’atteindre les premières sinuosités de la route grimpant abruptement vers le marabout qui marquait l’accès aux hauts plateaux.
18:57 Écrit par Patryck Froissart dans Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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28/08/2021
Li Ann ou Le Tropique des Chimères, critique de Paule Andrau
La critique de Paule Andrau
J'ai lu votre ouvrage avec plaisir : la cruauté de la peinture du microcosme d'un lycée s'estompe grâce à la légèreté du récit éclaté, articulant sa poly-énonciation sur le personnage masculin, central. Alternant ironie et tendresse, votre écriture qui touche parfois à la trivialité bon enfant d'un "San Antonio" rejoint la quête du langage, de ses infinies déclinaisons et de ses curiosités d'un Rabelais.
Avec quelle désinvolture - mais le romancier est roi dans son monde - vous "dégagez" les personnages importuns pour rendre votre "héros" aux émotions d'un premier amour retrouvé.
Le réseau complexe des voix féminines qui se tisse autour de "Jean Martin dit le Borain" et que domine un narrateur orchestral, me fait penser aux Bijoux indiscrets de Diderot, roman libertin et transgressif, où l'auteur, amusé, convoque, comme vous le faites, désirs, fantasmes, sensualité et passion autour du sultan Mangogul.
Agrégée de lettres classiques et professeur de Chaire supérieure, Paule ANDRAU a enseigné en Lettres Supérieures et Première Supérieure au Lycée Masséna (Nice).
Elle est l’auteure de Violences, un livre paru tout récemment chez Maurice Nadeau (Les Lettres Nouvelles).
18:46 Écrit par Patryck Froissart dans Critiques de mes livres, Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : passion, erotisme, intrigues, jeux de pouvoir, patryck froissart, maurice nadeau | |
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22/02/2021
Li Ann ou Le Tropique des Chimères, roman tragi-comique de Patryck Froissart par Noé Gaillard
De Noé Gaillard dans Daily Médias (Suisse) lien
En illustration réussie de couverture c’est la fée de la lune… On dira qu’il s’agit d’un roman contemporain et réaliste raconté de manière particulière.
Contemporain parce que nous sommes dans un grand lycée où se côtoient des personnes comme celles que l’on peut rencontrer dans la vie. Un proviseur Jean Martin dit Le Borain qui se dit Monsieur le Provisoire qui partage la vie de Michelle nantie de deux filles, ses deux adjoints : Simone l’acariâtre, et Lucas le bon bougre, Jacqueline la secrétaire principale un peu nymphomane qui veut séduire Jean et Li Ann fraîchement embauchée pour aider au surcroit de travail de la rentrée et encombrée d’un beau-père. Et ces gens-là vont vivre quelques moments particuliers. Apparemment rien de très original. Sauf si vous faites raconter ces moments par ceux qui les vivent. Cela nous donne d’abord trois manières différentes de voir un même événement. Les trois principaux raconteurs : Jean, Jacqueline et Li Ann… Comme il va de soi que ces récits manquent d’objectivité, l’auteur a rajouté un narrateur qui commente et remet les choses en place pour faciliter notre compréhension de ce qui se passe. Mais attention ! Ne lisez pas trop vite, car ce même narrateur ajoute des données. C’est ainsi que ce qui pourrait être un banal fait divers rejoint le tragique des adultères divins…
J’ai noté pour le plaisir de l’image : (c’est Li Ann qui parle du regard de Jean posé sur) « la joufflure de mes fesses. »
Idéal pour se détendre de manière non anodine et trouver quelque plaisir aux malheurs littéraires des autres. A déguster dans vos transports en commun.
Li Ann ou le Tropique des chimères
Auteur : Patryck Froissart
Editeur : Maurice Nadeau
01:11 Écrit par Patryck Froissart dans Critiques de mes livres | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Li Ann ou Le Tropique des Chimères, roman tragi-comique de Patryck Froissart, par Serge Cabrol
Serge Cabrol dans le magazine Encres Vagabondes (lien)
Patryck FROISSART
Li Ann ou le Tropique des chimères
Pour profiter d’un peu de légèreté et d’humour en ces temps de morosité, voici un roman drôle et coquin, cocktail exotique de vaudeville et de chronique mélodramatique, qui se déroule « dans un décor tropical, dans le cadre insulaire de l'archipel français des Allobroges, à quatorze mille six cents kilomètres de la métropole, que nombre de citoyens de l'hexagone peu portés sur la géographie situent par erreur dans les Antilles mais que les initiés savent placer sur le globe à l'exact antipode des Caraïbes. » Inutile de chercher dans l’atlas.
Le livre s’ouvre sur la date du 5 avril où une cinquantaine de personnes assistent à des obsèques.
Au fil du livre cette date reviendra de temps à autre et nous en saurons alors plus sur l’identité de la personne décédée et les conditions de son décès.
Ce roman est intéressant par une construction en forme de spirale. Chaque protagoniste, y compris un narrateur, prend la parole à son tour pour relater et compléter le déroulement des événements. On suit ainsi cette histoire à partir de différents points de vue.
Le personnage principal est le proviseur d’un lycée français hors de métropole, dans une île qui produit de la canne à sucre et où culmine un « Piton de la Torchère ».
Jean Martin dit Le Borain vivrait serein et épanoui s’il n’était sans cesse soumis à des désirs qu’il peine à maîtriser. « Autant j'ai toujours su mener mon personnel masculin à la baguette, autant je me suis constamment aplati en frétillant de la braguette devant mes auxiliaires féminines. »
Quatre ans plus tôt, déjà, sa braguette – ou plutôt ce qu’elle protège – l’a amené à changer de vie. Il était alors marié avec « Tsaàzzoult, ma bien-aimée, la radieuse Amazighe qui m'avait épousé alors que j'accomplissais mon service militaire au titre de la coopération culturelle dans le royaume paradisiaque du Tajeldit. Notre vie conjugale se déroulait sous un ciel que n'assombrissait jamais le moindre nuage quand Michelle, professeure de lettres dans l'établissement, a commencé ses manœuvres d'approche. » Toujours incapable de résister, le proviseur a été surpris par sa belle Tsaàzzoult pendant l’une des torrides séances hebdomadaires avec Michelle. L’épouse ulcérée est partie sur le champ et la professeure de lettres s’est installée avec ses deux filles sur le territoire déserté.
Quatre ans plus tard, la situation est bien partie pour se reproduire avec Jacqueline Adrian, l’assistante de direction, prête à jouer de tous ses atouts pour assiéger une forteresse si mal défendue. « Mon plan n'était pas sorcier. Les romans foisonnent qui en mettent de tels en scène. L'ensorceler sans plus tarder, l'appâter, le maléficier à hautes doses, l'hypnotiser, et me le faire mien, me le faire chien à me manger dans la main, devenir, quoi, la matrone du patron. Je me l'épouserais ! Je me l'étais juré. »
Mais un grain de sable vient enrayer la belle mécanique de Michelle, un joli grain de sable nommé Li Ann, vingt-trois ans, faussement candide, bien décidée à échapper à son quotidien chez sa mère, subissant la mauvaise humeur permanente d’un frère proxénète parfois violent.
N’ayant pu obtenir un poste budgétaire supplémentaire, le proviseur a réussi à négocier l’octroi d’un Contrat Emploi Jeune. Les dossiers ne manquent pas mais en les feuilletant, une photo attire son regard. Li Ann Chen Wong. C’est elle qu’il convoque pour un entretien d’embauche dès le lendemain.
Cette première entrevue n’est que le début d’une longue histoire parce que la jeune femme a vraiment très envie de changer de vie. « Je lui ai fait mon sourire de grande fille un peu nunuche, et ça l’a mis mal à l’aise. Ça marche toujours ! » Et un peu plus tard : « J'ai éprouvé le besoin inopportun, ou au contraire fort bien venu, de croiser et décroiser mes jambes […] J'ai bien vu qu'aussitôt ses joues se sont empourprées, que ses pupilles se sont dilatées, et que sa pomme d'Adam a été saisie d'un va-et-vient de yo-yo. J'ai regretté fugitivement, dans une bouffée de pudeur rétroactive, mon double mouvement de cuisse, et puis je me suis dit que je m'en fichais, même si un léger trouble m'est venu à la pensée qu'il avait dû voir ma culotte blanche parsemée de petits cœurs roses. Enfin, quand je me suis rendu compte que mon jeu de jambes l'avait plongé dans une évidente confusion, j'ai oublié ma propre gêne et, contente de l'effet produit, j'ai même failli récidiver. »
Il n’en fallait pas plus pour troubler l’esprit volage du fragile proviseur.
Si l’on ajoute à cela, les rivalités des proviseurs adjoints dans la gestion des personnels, la répartition des classes ou la préparation des emplois du temps, on obtient un cocktail très détonnant dont tout le monde ne sortira pas indemne ni même vivant.
Suspense et rebondissements, grandes colères et scènes torrides, séduction et jalousie, machiavélisme et fausse pudeur, les chapitres s’enchaînent avec vivacité, dans une alternance de points de vue, vers une fin dont on sait dès les premières pages qu’elle ne sera pas heureuse pour tous.
En cette période où les déplacements sont rationnés, voici une occasion inespérée de passer quelques heures sur une île lointaine où le soleil n’est pas le seul à faire monter la température ambiante. La rentrée est chaude au lycée polyvalent Antonin Artaud de l’archipel français des Allobroges et ce n’est que le début…
Serge Cabrol
(25/01/21)
01:06 Écrit par Patryck Froissart dans Critiques de mes livres | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Li Ann ou Le Tropique des Chimères, roman tragi-comique de Patryck Froissart par Catherine Dutigny
Li Ann ou le Tropique des chimères, Patryck Froissart (par Catherine Dutigny)
Li Ann ou le Tropique des chimères, janvier 2021, 204 pages, 19 €
Ecrivain(s): Patryck Froissart Edition: Editions Maurice Nadeau

Un coup de foudre et trois enterrements
Jean Martin, dit Le Borain (comprendre qu’il est né dans le Borinage, contrée minière franco-belge), proviseur d’un lycée polyvalent de l’archipel des Allobroges (comprendre que dans ces îles tropicales, parfaitement imaginaires, les habitants(es) vouent un culte immodéré à la liberté, à l’instar de l’hymne éponyme des Savoyards), prépare la rentrée scolaire dans l’effervescence d’une structure administrative débordée par la multiplication des tâches, leur complexification, le tout à personnel constant. Aussi est-ce avec un immense soupir de soulagement que Jean Martin, dit Le Borain, obtient une notification d’autorisation de recrutement dans le cadre d’un Contrat Emploi Jeune. Reste à trouver le bon candidat, ou pour entrer dans le vif du sujet, sans pour autant le (la) déflorer, la bonne candidate.
Une simple photo sur un curriculum vitae, celui d’une certaine Li Ann Chen Wong, très jeune, très jolie et un peu nunuche, va faire la différence à la grande surprise et sournoise méfiance de Jacqueline Adrians, son assistante, qui pourvue « d’une plastique propre à rallumer la flamme d’un nonagénaire des plus cacochymes » déploie la gamme complète de la séduction féminine pour l’assujettir et le traîner en épousailles, non sans avoir obtenu de son « provisoire » qu’il se séparât au préalable de sa concubine Michelle, femme vénale, flanquée de deux filles pies-grièches.
Un coup de foudre sur papier glacé qui va chambouler la vie du proviseur bien au-delà de ce que l’on peut imaginer.
Non content de cumuler les imbroglios affectifs et le plus souvent puissamment érotiques, Jean Martin dit le Borain doit affronter la mésentente de ses deux adjoints, Lucas et Simone, cette dernière ayant la faculté de se mettre à dos l’ensemble de l’établissement scolaire dans sa volonté de tout vouloir régenter sans la moindre considération pour le travail de ses collègues.
Quant à Li Ann, surprise d’avoir obtenu le poste aussi facilement, elle ne ménage pas ses efforts pour satisfaire en tous points la confiance accordée par Le Borain, et ce en dépit des sarcasmes d’un « frère » ou prétendu tel, subitement jaloux des attentions dont elle fait l’objet.
La déconvenue, la jalousie, la haine, l’abus d’alcool et de substances illicites vont pousser un quatuor infernal à comploter et échafauder des plans pour se débarrasser de l’importune jeune femme aussi candide qu’affriolante. À moins que le sort et la bêtise des conjurés n’en décident autrement… D’où peut-être, mais il faudra pour en être certain attendre le dénouement du roman, les trois énigmatiques enterrements qui ponctuent le récit.
Dans un milieu professionnel qu’il connaît à la perfection et dont il s’amuse à brocarder les multiples travers, Patryck Froissart mène de main de maître un récit polyphonique d’une drôlerie extrême. Il jongle avec ses personnages et met à profit la structure de son récit pour narrer un même événement selon des points de vue différents. Sous sa plume qui voltige d’un style parfois précieux, souvent soutenu, à des propos pour le moins triviaux, se succèdent alors des scènes cocasses, où chaque détail est revu et relaté selon la perception que chacun en a. Démonstration littéraire parfaitement aboutie et burlesque de la fragilité du témoignage humain et galerie de portraits peints à la manière pittoresque d’un Lucien de Samosate.
Amoureux et joueur des mots, il enrichit sans cesse son texte par des emprunts savoureux à des dialectes régionaux, ressort de l’oubli des adjectifs rares, joue de l’allitération, « Michelle était par coïncidence en violent train de me chevaucher cavalièrement à cru sur la moquette à crins », et des assonances, invente à foison des tournures de phrases que Frédéric Dard n’aurait pas boudées, « Je savais bien que le prurit de s’y enfouir jusqu’aux rouflaquettes lui torréfiait le plexus », ne recule devant aucun zeugme, « il a brassé du papier, du vent, du temps, du rêve », pour séduire son lectorat.
Un feu d’artifice quasi permanent, une profusion de traits d’esprit qui loin de lasser, apportent du rythme, déclenchent un éclat de rire au détour d’une phrase alors même que le tragique pointe le bout de son museau. Sans doute le summum du divertissement est-il atteint dans les dialogues entre le lettré Jean Martin (le double fantasmé de l’écrivain, semble-t-il) et Li Ann, l’empotée aux notions sémantiques limitées qui enchaîne les « Ben oui » et les « Ben non », les « super-génial ! », confond la fonction phatique du langage, avec la « fonction phallique ou fatigue du langage » et pour qui Jules Ferry, devenu Georges entre-temps, est assimilé au moyen de transport le plus usité pour gagner l’Angleterre.
Si le désir, la séduction, le libertinage sont les ressorts principaux de l’intrigue, on sait gré à l’auteur d’avoir mis de l’élégance, de l’humour et de la légèreté dans son intrigue érotico-sentimentale, d’avoir su éviter le graveleux, le scabreux, d’avoir puissamment évoqué plutôt que décrit, d’avoir fustigé l’hypocrisie et la vénalité sans tomber dans un registre moraliste. Et si parfois on se noie un peu dans les sous-vêtements affriandants de ses héroïnes, il faut avouer, sans rougir, qu’il est bon et revigorant de le faire dans la soie et la dentelle. On rit à gorge déployée, et c’est infiniment plaisant.
Catherine Dutigny
Patryck Froissart, originaire du Borinage, a enseigné les Lettres dans le Nord de la France, dans le Cantal, dans l’Aude, au Maroc, à La Réunion, à Mayotte, avant de devenir Inspecteur, puis Proviseur à La Réunion et à Maurice. Longtemps membre du Cercle Jehan Froissart de Valenciennes, il a collaboré à maintes revues de poésie, et a reçu en 1971 le Prix des Poètes au service de la Paix. Il est membre de la SGDL, de la SPAF, de la SAPF.
00:59 Écrit par Patryck Froissart dans Critiques de mes livres, Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intrigue, séduction, trahison, folie, meurtre | |
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29/01/2021
Li Ann ou Le Tropique des Chimères, roman tragi-comique de Patryck Froissart
Li Ann ou Le Tropique des chimères
En librairie le 21 janvier 2021
S’inscrivant dans une trame réaliste, celle de la vie quotidienne d’un grand lycée dans un archipel tropical fictionnel, se déroulent les péripéties d’un récit polyphonique dramatisant, un chassé-croisé tragi-comique de séduction, dont le proviseur Jean Martin est le personnage pivot.
Exploitant la rivalité entre ses adjoints, l’acariâtre Simone et le débonnaire Lucas, Martin, tenu pour autoritaire dans l’exercice de sa fonction, est un être veule dans l’intimité, manipulé et exploité par sa concubine Michelle et ses deux filles d’une part, soumis au machiavélisme amoureux de son assistante Jacqueline, femme libérée, d’autre part.
C’est dans l’écheveau de cet imbroglio théâtral plein d’humour, où se disputent jeux de mots et crocs en langue, que surgit Li Ann, jeune contractuelle, qui, personnage initialement insignifiant d’apparence candide, accède progressivement à un rôle de premier plan.
Né en 1947 à Condé sur l’Escaut, dans le Borinage, région franco-belge minière située entre Valenciennes et Mons, Patryck Froissart, est entré à l’Éducation Nationale en 1966 dans l’académie de Lille. Il a enseigné successivement dans le Nord, au Maroc, dans le Cantal, à La Réunion, à Narbonne et à Mayotte, avant d’occuper des postes de direction dans des collèges et des lycées de La Réunion et de Maurice et d’effectuer des missions de coopération éducative au Cameroun, en Oman, en Mauritanie, au Rwanda, en Côte d’Ivoire. Écrivain, poète, il chronique régulièrement dans le magazine La Cause littéraire.
EN SAVOIR PLUS...
Un article de Serge Cabrol dans Encres vagabondes (25 janvier 2021) Extraits :
" (...) Ce roman est intéressant par une construction en forme de spirale. Chaque protagoniste, y compris un narrateur, prend la parole à son tour pour relater et compléter le déroulement des événements. On suit ainsi cette histoire à partir de différents points de vue. (...)
Suspense et rebondissements, grandes colères et scènes torrides, séduction et jalousie, machiavélisme et fausse pudeur, les chapitres s’enchaînent avec vivacité, dans une alternance de points de vue, vers une fin dont on sait dès les premières pages qu’elle ne sera pas heureuse pour tous.
En cette période où les déplacements sont rationnés, voici une occasion inespérée de passer quelques heures sur une île lointaine où le soleil n’est pas le seul à faire monter la température ambiante. La rentrée est chaude au lycée polyvalent Antonin Artaud de l’archipel français des Allobroges et ce n’est que le début…"
Lire l'article dans son intégralité : https://encres-vagabondes.com/magazine7/froissart.htm
Un article de Catherine Dutigny dans La Cause littéraire (21 janvier 2021)
" Un feu d’artifice quasi permanent, une profusion de traits d’esprit qui loin de lasser, apportent du rythme, déclenchent un éclat de rire au détour d’une phrase alors même que le tragique pointe le bout de son museau. Sans doute le summum du divertissement est-il atteint dans les dialogues entre le lettré Jean Martin (le double fantasmé de l’écrivain, semble-t-il) et Li Ann, l’empotée aux notions sémantiques limitées qui enchaîne les « Ben oui » et les « Ben non », les « super-génial ! », confond la fonction phatique du langage, avec la « fonction phallique ou fatigue du langage» et pour qui Jules Ferry, devenu Georges entre-temps, est assimilé au moyen de transport le plus usité pour gagner l’Angleterre.
Si le désir, la séduction, le libertinage sont les ressorts principaux de l’intrigue, on sait gré à l’auteur d’avoir mis de l’élégance, de l’humour et de la légèreté dans son intrigue érotico-sentimentale, d’avoir su éviter le graveleux, le scabreux, d’avoir puissamment évoqué plutôt que décrit, d’avoir fustigé l’hypocrisie et la vénalité sans tomber dans un registre moraliste. Et si parfois on se noie un peu dans les sous-vêtements affriandants de ses héroïnes, il faut avouer, sans rougir, qu’il est bon et revigorant de le faire dans la soie et la dentelle. On rit à gorge déployée, et c’est infiniment plaisant."
Lire l'article dans son intégralité : http://www.lacauselitteraire.fr/li-ann-ou-le-tropique-des...
23:19 Écrit par Patryck Froissart dans Biobibliographie, Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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15/12/2020
L'occulte poussée du désir Tome 2 Le buisson ardent Patryck Froissart
Le buisson ardent
Roman de Patryck Froissart
Lien vers la librairie en ligne: ici
Deuxième partie de la saga intitulée L'occulte montée du désir, ce volume couvre la période turbulente, tourmentée, trouble, jalonnée d'épisodes licencieux, de l'adolescence du personnage jusqu'à son entrée dans "la vie active" suivie, juste après les événements de mai 68, de son départ vers l'Afrique où se poursuivra son odyssée sentimentale, ponctuée de nouvelles amours tumultueuses et d'aventures libertines, racontée dans un troisième volume (La More dans l'âme, Editions Ipagination).
00:21 Écrit par Patryck Froissart dans Biobibliographie, Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erotisme, passion, roman social, initiation, soumission, domination | |
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L'occulte poussée du désir Tome 1 Le buisson de jeunesse Patryck Froissart
Le buisson de jeunesse, roman, Patryck Froissart
Lien librairie en ligne: ici
Dans ce truculent roman d'apprentissage, Patryck Froissart met en scène en une série débridée de tableaux réalistes les expériences sociales, familiales, sentimentales, amoureuses et l'éveil des sens d'un enfant du pays wallon depuis sa naissance au lendemain de la seconde guerre mondiale jusqu'aux prémices d'une adolescence qui s'annonce tumultueuse et qui est racontée dans un deuxième volume sous-titré "Le buisson ardent".
00:18 Écrit par Patryck Froissart dans Biobibliographie, Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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14/12/2020
Lexique borain du roman L'occulte poussée du désir de Patryck Froissart
Lexique des parlers d’min coin
Mots et expressions utilisés dans le roman
L’occulte poussée du désir
De Patryck Froissart
Abanner (s'): s'abandonner, se laisser aller, se prostituer
Abéqui: bouche bée (bec ouvert)
Abille, abile : vite, dépêche-toi, dépêchez-vous !
Abusieux: séducteur
Acali : plein de cals
Acater : acheter
Achitoter (s'): se parer avec affectation
Accorchu, écourcheux : tablier
Accourché : raccourci
Acoitir (s'): se tapir
Acruir : mouiller
Affiert : adroit, habile
Affique: épingle
Aflatter : caresser, câliner
Affuter (s'): se débrouiller
Affutiaux : petits ornements ; parties naturelles de l’homme
Afolure: contusion, blessure
Agache : pie
Agaïant: salamandre
Agarchonner (s'): fréquenter les garçons
Agazoulier un enfant: le pousser à babiller
Agligner (s'): s'agenouiller
Agobiles: objets qui n'ont ni usage ni valeur
Agneuse: acariâtre
Agriner(s’) : devenir mauvais, en parlant du temps
Agripard : patron avare
Agroulier : griffer, égratigner
Agroyer: agripper
Aheuré : dont les horaires sont strictement réglés
Ahoquer : accrocher, faire un accroc
Aïon : échoppe non couverte
Ajouque : jeune effrontée
Ajouquer (s’) : s’accroupir
Alboidier : insulter, injurier violemment
Albran : voyou, vaurien
Allourder: séduire
Amelle : grosse armoire
Amicloter : langer, dorloter, pouponner
Amitieux: affectueux
Anaine : chenille
Ancher : respirer mal, avoir le souffle court
Antipane: voile, rideau qui habille l'autel
Anusse: médaille pieuse qu'on porte au cou
Aplaidier: vanter les qualités de ses marchandises
Apotager: salir, abîmer
Applommé : épuisé, accablé de fatigue
Arambiles : vieilles choses sans valeur
Arménaches : gravats, décombres
Arbotter (s’) : se rhabiller
Arbraquette : binette
Arche-noé: salle de cabaret
Archelles : baguettes de saule, ou d’osier
Archiner (substantif) : goûter (substantif)
Archiner : manger son goûter
Arlander: lambiner, s'attarder
Arlaque : enfant bruyant, tapageur
Arlicotter: secouer, branler, agiter
Arlocher : secouer, branler, agiter
Armontière : début d’après-midi, moment où on reprend le travail après le dîner
Arnitoiles : toiles d’araignées
Arnu : orage
Arpassure : café de deuxième ou troisième passage
Arpillant: cupide, âpre au gain
Arsaquache ou rassaquache : ce qu’on retire de la soupe pour une préparation à part
Arsaquer : retirer
Arsarcir : raccommoder
Arsoule : ivrogne
Artau: grand repas
Artoils : orteils
Arvoyure(à l’) : au revoir
Arwétier : regarder
Atapir (s'): se cacher, se tapir
Atargète: cabaret où on s'attarde
Attriau, atériau: gorge, poitrine
Aveule : aveugle
Avitin: legs, héritage
Babeluttes :bonbons tendres au goût de caramel et de cannelle.
Babotte : petite lucarne de pignon
Bacatiau: voir basse-campe
Badine(à l’) : bras dessus, bras dessous
Badoulette : femme qui a beaucoup d’embonpoint
Bafiousse : baveuse
Bager: embrasser
Baiou: qui regarde bouche bée, autant avec les yeux qu'avec la bouche
Baisse : baiser de salutation sur la joue (il convient d’en échanger quatre dans le Nord)
Balon: bonbon commun
Balouffes : grosses joues, bajoues
Baquetée:os et déchets de viande que le boucher vend à bas prix
Baraquins : forains, gens du voyage, habitants d’une caravane
Barlicot: sexe masculin
Barou : tombereau
Barziner : bruiner
Basse-campe : cabinet, lieu d’aisances
Basse-danse : jeu amoureux
Batinse : poutre
Baudelée: charge que porte un baudet
Baudesse: féminin de baudet
Béfeler : baver
Bébelle: (faire bébelle): caresser le visage d'un enfant en disant « fais belle » ou « fais bébelle » pour le faire sourire.
Béber: sein
Bénache : heureux, content
Berdéler : marmonner
Berdouille : boue du Nord
Berlaffe : claque, gifle
Berlière: lambeau d'étoffe – à berlières: en lambeaux
Berlinque : fille facile
Berloquer : baller, balancer
Berquinné: contrefait, qui a les jambes tournées
Bertonner : rouspéter
Bèrziner : se remuer
Beubeux : frères de la Miséricorde qui consolaient et encourageaient les suppliciés
Beuter : regarder sans être vu
Biblot : sexe masculin
Biecquebos : pivert
Biéquer: se dresser naturellement, bander
Bigorgner : regarder en louchant
Bilonbaines : testicules
Bilteux : joueur, passionné des jeux de hasard
Binuber : se marier en secondes noces
Birlongeoire : balançoire
Bisbisse : conflit
Biscaïen : grosse bille en fer
Bistoque : cadeau, récompense
Bistouille : café très chaud auquel on a ajouté une dose d’alcool de genièvre
Blache : pâle, blafard, blême
Blandir: flatter, caresser (ancien français)
Blèfer: baver (de plaisir, de gourmandise)
Bleusse: histoire sans fondement, carabistoule
Bofe : cave
Bondi : pli fait au bas d’un vêtement pour le raccourcir
Boquet : écureuil
Borègne : habitant du Borinage
Boreine : pipe grossière
Boudaine : nombril
Boudinette, boutinette : ventre, nombril
Bouleusse : grande bassine à lessive, qui servait aussi pour le bain du samedi soir
Bourlotte, ou bourbotte : jeune fille grasse
Bouriauder: torturer
Bouserer: couvrir de bouse
Bowète : galerie, trou, boyau de mine
Bradé : gâté, dorloté
Brain : merde
Brayette: braguette
Brayou, brayousse : pleureur, pleureuse
Brèle : bon, bonne à rien
Briquet : désigne deux tranches de pain collées l’une sur l’autre et fourrées de divers composants. Terme beaucoup plus beau que l’horrible anglicisme « sandwich »...
Brissaudage, brissodage : gaspillage - Brissoder : gaspiller, perdre – Brissodeux, brissodeuse
Broquer :beugler
Broudier : derrière, cul
Brousé : sale, sali
Buot: buisson
Buresse: lessiveuse, laveuse
Burne: excroissance, nodosité sur les branches d'un arbre
Busette: bec de bouilloire, ou de cafetière
Busier : penser, réfléchir, méditer
Caberdouche: cabaret louche
Cachaloques : terme chti pour désigner des collecteurs de vieux chiffons
Cache : chasse
Cachifs : chassies matinales
Cado : chaise pour bébés
Cafotin: partie naturelle de la femme
Cahuler: criailler
Calauder: bavarder, caqueter
Calo : bille
Camanette: cancanière
Camoufliache: restes de viandes qu'on fricasse
Camousser : moisir
Campe : pétard – camper : exploser
Campernouille: salope, putain
Camuche : niche à chien
Candroule: chandelle
Cantiaux : fesses
Capageoire: femme dépensière
Carabistoules : histoires à dormir debout, fadaises, mensonges
Carée: grande quantité
Carmène: viande de basse qualité
Carnasse: cartable
Carrette : charrette, voiture, automobile
Cartoufles : pommes de terre
Catibés :mûres (baies)
Catimurons: baies du roncier
Catoulles : chatouilles
Caudron: renoncule
Caufourer:s'échauffer, fermenter, démanger
Cazéye : asticot, larve servant d’appât pour la pêche
Chanonesse : débauchée
Chenique : alcool fort
Chicklet : chewing-gum
Chiler: siffler (vapeur)
Chine: grimace
Chirloute : mauvais café
Choler: bousculer
Cholette : boule en bois
Chouiner: fesser
Chuchette : boire sin jus al chuchette : boire son café à petites gorgées en laissant fondre le morceau de sucre le plus lentement possible sur la langue. C’est un art difficile.
Cinsier : fermier
Claquart: pétard
Codin : jeune coq
Comodieux: riche
Convers: retraite, abri. Commerce amoureux (ancien français)
Cotron : cotillon, jupe
Cotronner : avoir une relation charnelle avec une femme
Cougnolles ou coquiles : brioches traditionnelles de la Saint Nicolas ou de Noël
Coule : couille
Coulonneux : terme chti désignant un éleveur de pigeons voyageurs à concours
Counette : sexe de la femme
Courtil : jardin
Coyette (être à s’): être bien
Crane : beau, bien arrangé, bien habillé
Crape : salissure; femme malpropre
Crapé : sale, terreux, crasseux
Craque: mensonge
Cras-nez : morveux
Cron, cronque : contrefait, contrefaite
Croupette (à) : accroupi
Cru, crute : mouillé(e)
Cruauder : arracher les cruaux, les mauvaises herbes ; sarcler
Cufarte : grosse femme paresseuse qui aime s’avachir au coin du feu
Cul païelle (à): à la gredindelle
Cutourniaux :culbutes, pirouettes
Dache, dachette : clou
Dal : cochon, verrat
Dallache : désordre – Queu dallache ! Quel désordre ! Quel gâchis !
Débauché: attristé, malheureux
Décafoter : fouiller, gratter
Décampe: étage
Décarocher : raconter n’importe quoi, délirer
Déconcané : décontenancé
Défiquier: décolleter, découvrir la gorge
Déflinquée : maigre
Défunquer : mourir
Dégavarlé : qui a la poitrine découverte
Déglaminter (se) : se lamenter
Dégrivaler: dégringoler
Déguène: allure, comportement
Dékerquer: décharger
Délaque(cha quéiot al) : il pleuvait des trombes
Déloufer : vomir
Démaflié: mal en point, en particulier un lendemain de fête trop arrosée
Démandibuler : casser la mâchoire
Démaquache: vomissure
Démousquinage: démolition, destruction
Dénorter : changer d’avis
Desbotter (se) : se déshabiller
Desgoncé: déçu, désappointé
Destriver : nier
Détricher: séparer, trier
Dévérinner (se) : se déhancher, comme si on est monté sur un vérin
Dévirouler: dégringoler
Déwanner : sortir qqch d’un orifice étroit, dégainer
Djèter: bourgeonner
Drache : pluie
Dringuelle : pourboire, étrenne
Drisse : diarrhée
Droule : femme de mauvaise vie
Droulion : servante sale, souillon
Ducasse : fête foraine communale annuelle
Eauffe (ou auffe, hauffe, wauffe): gaufre
Ebeulé : ahuri
Escafiotte: cosse des pois, fèves, haricots...
Ecafure : pourboire – Voir aussi dringuelle
Echuché d’Bermerain : avare
Eclette : éclat d’ail
Eclites : éclairs
Ecloi: urine
Ecour : entrecuisse
Ehancé : hors d’haleine, essoufflé
Ehure, hayure ou haïure: haie
Emberdouiller, imberdouller : couvrir de boue, de berdouille
Embroquer (s'): s'endormir
Enfunquer : empuantir, s’agissant particulièrement de fumées
Erloqueter: wassinguer
Ennoeiller: regarder une chose avec l'envie de se l'approprier
Ensacquer: mettre en un sac
Epardre: répandre, épandre
Epautrer : écraser, aplatir
Epoquer: acculer contre un mur
Epoufer (s'): s'étouffer (de rire)
Equette : copeau
Escafoter : gratter, tisonner, tripoter
Escamiau: partie surélevée d'une grange
Esclachoire: lanière
Espiture : éclaboussure
Esquinté : fatigué, fourbu
Estabrique: partie naturelle de la femme
Estoquer(s’) : s’étrangler, s’étouffer
Etole, étolette : petite construction annexe, en jardin ou attenante au corps de logis, débarras, pièce à charbon. Pouvait être l’abri nocturne d’une chèvre, ou d’un mouton
Fache : couche, lange
Fafiéler : bredouiller, en bavant ; parler avec difficulté
Farcé : en retard, pour ne s’être pas réveillé à l’heure
Fiche: suppositoire
Fième: mucosité
Flatte : bouse de vache
Fonc, foque, foncques : seulement, rien que…
Fouan : taupe
Fricadelles : boulettes frites de pain (trempé dans le lait et la bière) et de hachis de bœuf et de porc
Frimaire : homme grand et maigre au caractère flegmatique
Frioler: frémir (eau sur le point de bouillir)
Fronchiner: tortiller
Froucheler: tripoter, peloter (une femme)
Fucheau : putois
Gadroulier: toucher, caresser
Gadrouliète: mijaurée, précieuse
Gaïette, ou gaillette : morceau de minerai de houille, qui se ramassait sur les terrils
Gailler, gaille: noyer, noix
Gaiole : cage
Galatasse : cabinet de verdure
Gardin: jardin
Gaudinette: jeune fille vive, qui aime le plaisir
Glaine : poule
Godain: braises sous la cendre
Gogue: noix
Grisir : devenir gris
Groéte : petite fille méchante, qui se conduit comme une furie
Grognou, grognousse : grognon, pleurnichard, pleurnicharde
Grolle : espèce de corneille qui a un cri fort désagréable
Gruger : avoir froid
Guernoter: grelotter
Guerziller: grelotter
Guerzin: grésil, petite grêle
Gueulette : petite bouche
Guife : figure, visage
Guignette: œillade
Guiler: avoir peur, fuir le combat
Guince : cuite, ivresse – Queune guince ! Quelle cuite !
Guinse (faire el) : faire la noce
Halau : saule
Hogéneries : violences sexuelles contre femme
Hoguiner: se livrer à des hogéneries
Huche : porte, huis – Va-t-in à l’huche : sors d’ici ! Prends la porte !
Huchelet: petite porte qui s'ouvre dans une plus grande
Hurion: hanneton
Imberner: enduire
Infliquer(s’) : se faufiler
Infuter: enfoncer
Ingrinquer (s’) : se coincer
Inquenne: échine
Inraquer : embourber
Inrasasiape : insatiable
Joquer : s'arrêter, stopper
Laitison : pissenlit blanchi dans une taupinière
Lamplumu : compote de pommes repassée au four
Langreux, langreuse : squelettique
Leu : loup
Libouli : sorte de crème pâtissière
Louchet : bêche rectangulaire
Louppe : lèvre – Faire s’louppe : faire la grosse lèvre, bouder
Loute, biloute, louloute : termes pour désigner le sexe masculin; apostrophes affectueuses : viens chi, m’loute : viens ici, mon enfant…
Lumechon : limace
Machuqué : abîmé, piqué
Maclotes : grumeaux
Magonion : soufflet, gifle, claque
Maguet : bouc
Malo : taon
Malotter : disputer, corriger
Mangoniser:donner bonne apparence à ses marchandises
Manoque : panier dans lequel on fait nicher les pigeons
Manoqueux : paresseux, pédant
Mappe : bille
Maquée: fromage blanc
Marale : gamin sans expérience
Margnoufe : coup
Marie-madou : femme obèse
Marmouser: marmonner
Marouner: courir les filles (ou les garçons)
Matte : fatiguée
Mayète : menu bois pour allumer le poêle
Méquène : servante; jeune fille
Michorelle : pince-oreille, forficule
Miler : guetter, épier
Miroulle : richard
Misseron : moineau
Miue ! Mange ! du verbe mier, manger
Mofler: recaler (à un examen)
Molettes (faire des): faire des manières
Mordreux : méchant, prêt à mordre
Mouflu: synonyme de auflu
Moulon : asticot
Mouser : faire la moue
Moussoile : belette
Moute-li : montre-lui
Mouter : traire
Mouviar : merle
Muchette : cache-cache – se mucher : se cacher
Muterne : motte de terre couvrant une taupinière
Nactieux : qui fait le difficile, le dégoûté
Naquer : renifler, humer – Substantif : naque : malpropre
Naquetout : mêle-tout
Nasse : morve
Négresse : poêle à charbon
Niflette : nez qui coule
Nique doule : couillon
Noirglache: verglas
Noncalieux: paresseux
Nonuches : choses sans valeur
Noulle : nouille
Osielle: femme qui n'a pas très bonne presse
Ossiaux : os
Pallée : pelletée
Panchelot : ventru, pansu
Pane: tuile
Patacons :rondelles frites de pommes de terre
Paterliqueux: dévot qui perd son temps à prier
Paterliquier: réciter (des prières)
Patiau : 1- boue 2- emmerdement – Queu patiau ! Quel ennui, quelle merde !
Patriquer: patauger
Peineux: honteux
Pennetières, peimes-tierre, pétotes : pommes de terre
Péoule : coureuse
Pépette : derrière, cucul (enfantin)
Perchèle : bleuet, barbeau
Pertéloir: anus
Perziais : nom rouchi de Préseau (près de Valenciennes)
Pétote : pomme de terre
Pétrole: conte, mensonge
Pévèle: pâture
Piessinte : petit sentier
Pipioter: piailler comme un oisillon
Pis : puis
Pleumer: éplucher
Plousse: coureuse
Pluquer: manger lentement, à petites bouchées, sans appétit
Polir: repasser (le linge)
Polissage: action de polir (cf ci-dessus)
Poquettes volantes : varicelle
Pourcheau de mur : cloporte
Pourrisse: féminin chti de pourri
Praute: blague
Prone ( avoir s’) : être soûl
Prones : prunes
Pureler : épandre sur un jardin le contenu de la fosse d’aisances
Purière : fosse à purin
Quéière : chaise
Quéïr : tomber, choir
Quénèque : bille
Querpillon : trottoir
Querre : chercher
Quervé (être): être soûl
Queuette (faire) : faire l’école buissonnière
Queule : chiendent
Queveau d'l'apocalisse: le cheval de l'Apocalypse (femme grande et maigre)
Quier : chier
Racoufter (se) : se rhabiller
Rafantir: retomber en enfance
Ragrigner (se): se ratatiner
Ramoncheler (se) : se recroqueviller
Randouiller : frapper fort
Rapiat : avare, grippe-sou
Raquion : crachat
Rasiner : racler un plat, une casserole..., y ramasser ce qui y reste, avec un morceau de pain, par exemple.
Raton : gifle
Ratons : crêpes
Rébulé : son de blé
Reculot : dernier-né d’une fratrie
Réhu : fatigué
Renculoter : pousser, acculer dans un coin
Répamer, rispamer : rincer
Rhabillures : habits neufs
Rigaudaine : rossée
Rigodée : averse abondante
Rimée : gelée blanche
Rinflinquer : répliquer vertement
Robiner : glaner
Roïette : petit sillon
Romatiques : rhumatismes
Roupieux: honteux
Rouselant: rougissant, rouge de bonne santé
Ruque: motte
Russes (avoir des): avoir des difficultés, des problèmes
S’agriner : devenir mauvais, en parlant du temps
Saint Quertophe: saint Christophe
Saisissure: frayeur vive
Saquer : tirer, prendre – Expression : « Saque d’dins, ch’est du bège » : Sers-toi, prends-en, c’est du belge (ce n’est pas cher, c’est du produit de contrebande)
Sauret d’étalache : personne très maigre
Sauret : hareng saur
Sécral : personne très maigre
Seille, seilleau : seau
Souglou ou seglou : hoquet
Sourite: souris
Taïon : bisaïeul
Tape-daches : pied de cordonnier
Taques d’antile : taches de rousseur
Taudion : logement étroit et sale
Tchier : chier
Tertousses : tous
Tianbernant (daller in) : marcher les jambes écartées, comme si on a quelque chose qui pèse dans la culotte
Tignon : chiendent
Tioire: femme ayant la mine pâle
Tiot, tiotte : petit, petite
Tiot bite: s'emploie pour apostropher un jeune garçon à qui on veut signifier qu'il n'est encore qu'un enfant
Tirlibibis : jeux de hasard dans les ducasses
Torsélion: trognon
Tortiner : perdre du temps, traîner
Tototes : seins – Synonyme : gougouttes
Toubac: tabac
Toudis : toujours
Tourbisions: vertige
Tourpiner: mijoter, comploter
Toutoule : fofolle
Toutoute: chienne de compagnie
Tranenne : luzerne
Trottement: tout de suite, vite
Troule : femme de mauvaise vie
Troussepète: fillette dont le jupon est retroussé à l'arrière, pour éviter qu'il se salisse
Truches : pommes de terre
Truiette : petite cochonne
Tubin : petit seau
Tuter : sucer
Vingt diousses : vingt dieux (juron)
Vir (verbe) : voir
Vitrot: grand-mère vitrot (dont on attend la mort et l'héritage)
Warlouque : qui regarde de travers (au propre et au figuré)
Wandroule : coureuse, prostituée
Wiche : biloute
Yard: liard, sou
Yoïche : visqueux
Yoyotte : ingénue
Zièpe: savon mou
L'occulte poussée du désir Tome 1 Le buisson de jeunesse
L'occulte poussée du désir Tome 2 Le buisson ardent
22:42 Écrit par Patryck Froissart dans Mes ouvrages publiés | Lien permanent | Commentaires (2) | |
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